Que disent les Thérapeutes ?
Par Paul-Henri Pion, psychopraticien.
Parfois, "et" paraît violent pour un esprit logique éduqué à l’école d’Aristote. Utiliser "et" à la place de "mais" fait mal aux oreilles. L’articulation des propositions avec "et" dérange et crée un vrai paradoxe que notre raison a du mal à soutenir. Insister et maintenir le "et" et soutenir le paradoxe conduit au miracle : faute de pouvoir supporter l’incohérence logique, notre esprit s’élève vers d’autres niveaux de fonctionnement. En voici un témoignage.
Il est un spectacle dont je ne me lasse jamais c’est celui du soleil de minuit. Le soleil de minuit a ceci de merveilleux pour moi qu’au delà de la beauté et du charme qu’il véhicule, il est un affront à mes connaissances scolaires : le soleil y est au Nord, chose qui m’avait été annoncée comme impossible. Le soleil se lève à l’Est, se couche à l’Ouest et passe par le Sud. « Tu ne le verras jamais au Nord » m’avaient affirmé mes instituteurs quand je m’enquérais du quatrième point cardinal dans la course du soleil.
Or, assis sur un rocher, dans cette lumière magique que seules les zones polaires savent offrir, je voyais le soleil au Nord et bien des conséquences inattendues allaient en découler.
Devant moi, j’avais l’évidence incontestable que mes instituteurs avaient tort. Au fond de moi, j’avais la certitude qu’ils avaient raison. Par construction et pour ma cohérence interne, mes instituteurs ont raison. Je vivais donc dans cet instant un paradoxe dans lequel mes instituteurs avaient tort et raison à la fois. De plus je goûtais le plaisir de l’instant tout en étant triste de le vivre seul et de ne pouvoir le partager avec ma bien aimée restée à des milliers de kilomètres de là. Pire, j’étais aussi inquiet que, la température baissant, je n’attrape froid ce qui serait de nature à compromettre la bonne fin de mon voyage.
Ils avaient tort et raison à la fois. J’étais heureux et triste et inquiet simultanément. Le soleil de minuit s’avérait bouleversant. Quelque chose était en train de se passer au plus profond de moi. Ce n’est que bien plus tard que j’ai pris la mesure de cet évènement. C’est en voyant dans ma vie active que l’on me signifiait que si l’autre gagnait du terrain alors nécessairement j’étais en train d’en perdre et que s’il gagnait c’était nécessairement que je devais perdre que la clarté a commencé à se faire.
C’est en m’intéressant à la vie de couple et en y découvrant que si bien souvent l’un se porte bien alors l’autre se porte mal comme s’il était interdit d’être heureux durablement en même temps, que la lumière s’est faite. Dans mon for intérieur s’était inscrit en moi que tout et son contraire peuvent coexister, que la vie fait cohabiter l’improbable et le logiquement impossible. Le bouleversement que j’avais senti tout là-haut un jour d’été polaire n’était autre que l’effondrement de mes certitudes aristotéliciennes. Le tiers exclu et la non contradiction sont des fictions issues des limites de nos capacités cognitives. Si je gagne, l’autre peut gagner aussi. Si je suis heureux, l’autre peut aussi être heureux.
La fatalité constatée dans certaines relations me semblait pouvoir être dépassée. Si l’un va bien, il doit exister une voie pour que l’autre aille aussi bien plutôt que de s’inquiéter de n’être utile à rien, puisque l’autre va bien, et de développer des signes inquiétants destinés à accaparer l’attention de l’autre qui, allant bien, pourrait avoir l’esprit ouvert au point de s’intéresser à quelqu’un d’autre que moi. Le sort du "si je gagne tu perds" pouvait aussi être déjoué et les mesquineries liées à un raisonnement fondé sur l’exclusion et la rivalité pouvaient être dépassées.
Aristote avait marqué mon contexte culturel. Le soleil de minuit avait réveillé la coexistence des possibles. La logique formelle tentait d’imposer son dictat. La logique naturelle imposait l’évidence. Il me restait à articuler le passage de l’un à l’autre. Le langage m’y a aidé. Aristote a une conjonction de coordination, le "mais". La nature en a une autre, le "et". Alors, j’ai testé. J’ai osé prononcer les phrases et articuler les propositions avec "mais", c’est le culturellement correct, et avec "et", c’est le naturellement correct. Quelle ne fut pas ma surprise !
Aucune proposition ne refuse d’être articulée avec "et". En dehors de quelques expressions toutes faites comme "non seulement ... mais encore" dont la langue française doit comporter trois ou quatre exemplaires, toutes les occurrences de "mais" peuvent être remplacées par "et". La magie du vivant fait que tout coexiste. Mon nouveau né est insupportable et adorable à la fois. Ma compagne est énervante et bienveillante à la fois. Mon collègue est méprisant et brillant à la fois. Mon voisin est bavard et intéressant à la fois. Et ainsi de suite. Il est possible de dire "tu es beau ce matin et ta cravate est légèrement trop à droite" tout comme "je t’aime bien et j’ai besoin d’être tranquille à l’instant" dans le cas par exemple d’un enfant qui sollicite intempestivement son parent.
Parfois, "et" paraît violent pour un esprit logique éduqué à l’école d’Aristote. Utiliser "et" à la place de "mais" "fait mal aux oreilles". L’articulation des propositions dérange et crée un vrai paradoxe que notre raison a du mal à soutenir. Insister et maintenir le "et" et soutenir le paradoxe conduit au miracle : faute de pouvoir supporter l’incohérence logique, notre esprit s’élève vers d’autres niveaux de fonctionnement.
C’est le phénomène de la dissonance cognitive bien connue des psychologues et qui a la particularité de, spontanément, par des processus inconscients, restructurer les croyances et les connaissances. C’est la voie de l’éveil cultivée par bien des spiritualités. Le cerveau ne sachant traiter avec son niveau de connaissance du moment, accède à un autre niveau de connaissances en débloquant et articulant des informations qui échappaient à la conscience. La vérité admise laisse place à une vérité révélée jusqu’à la révélation suivante.
La bienveillance de l’inconscient est expérimentée : il nous livre un nouvel état de conscience plus adapté que le précédent, juste en maintenant une conjonction de coordination qui a pour effet de descendre du piédestal de la logique formelle pour accéder au merveilleux de la logique naturelle, celle qui crie haut et fort que tout coexiste et cohabite.
Expérimenter cela m’a mis en face d’un autre phénomène certainement lié à notre logique de l’exclusion. J’ai voulu généraliser le "et" et pour cela j’ai cherché à ne pas dire "mais". Peine perdue. Plus je voulais ne pas dire "mais" plus j’échouais. De plus ces échecs me donnaient l’impression d’être impuissant à faire ce que j’aurais voulu faire, ce qui a commencé à nourrir une colère larvée. Mon estime de moi en prenait un coup à chaque apparition de "mais" entre mes deux oreilles. Vouloir généraliser "et" était en train de nourrir mon malheur. Or l’expérimentation avait été concluante. Généraliser "et" ? Il s’agissait de généraliser "et" non d’éradiquer "mais". Je m’étais encore pris les pieds dans la logique de l’exclusion. Je cherchais à supprimer plutôt qu’à cultiver. J’avais sous les yeux l’évidence de la coexistence et je m’obstinais à vouloir l’éradication. La solution allait s’avérer d’une simplicité étonnante.
Une fois "mais" entendu entre mes deux oreilles, il me suffisait de redire exactement la même articulation logique avec "et" et de laisser faire.
Un autre miracle caché derrière cela s’est révélé à ma grande surprise : reformuler mentalement fonctionnait aussi et reformuler mentalement ce que quelqu’un venait de prononcer, que cela m’ait été adressé ou non, avait un impact sur ce qui se passait. L’opposition latente devenait fluidité et la voie de la coopération apparaissait où elle se cachait antérieurement. Après tout, ceci n’est-il pas une des conséquences naturelles de l’évolution qui a mis le langage à notre disposition bien avant que nous puissions prononcer des sons articulés et signifiants pour l’autre avec pour conséquence que nous nous parlons d’abord à nous même avant de parler à l’autre ? "Et" venait d’ouvrir sur une autre évidence : se parler à soi-même encode dans l’organisme quelque chose que l’autre est à même d’entendre.
Le langage est structurant comme nous l’a démontré Chomsky. Surtout parce qu’il est destiné à synthétiser des signaux qui dépassent sa part verbale articulée. Par ailleurs "et", même silencieusement, redonne au vivant la place qui est la sienne au sein du foisonnement créateur caractéristique de l’évolution et cher à Darwin.
À l’heure de la biodiversité et de la densification qui nous met en situation de composer plus que jamais avec notre prochain et les autres espèces avec lesquelles nous partageons notre petite Terre, "ET" prend figure de conjonction de coordination d’un futur déjà présent. Je vous en souhaite le meilleur usage.
« C’est en lâchant prise que vient la maîtrise ». Paul-Henri Pion s’intéresse aux conditions de la performance et du bien-être humains. Sa pratique s’inscrit dans la lignée des travaux du Mental Research Institut dont il a suivi les enseignements. Économiste de formation, certifié en PNL et hypnose éricksonnienne, diplômé en psychologie, il met son expérience au service de votre bien-être.
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Le clown d’intervention et son regard décalé sur les systèmes humains
source : mieux-etre.org
Par Florence Pire
Je suis très contente d’avoir l’occasion, par cet article, d’ouvrir de nouvelles perspectives sur le clown car il est souvent enfermé dans des caricatures de personnages lourdauds, « pouêt-pouêt », pour enfants. Je vous présente le clown d’intervention comme intervenant systémique « out of the box » dans des contextes professionnels. Il apporte un autre regard sur ce qui l’entoure et suscite la réflexion en sortant du cadre et des habitudes, (M.D.R.²), Mort De Rire et Mine De Rien !
Commençons par quelques mots sur le clown ou plutôt sur la pluralité des clowns.
Les clowns d’aujourd’hui [1] viennent de plusieurs mondes : le cirque, le cinéma, le théâtre. Leurs champs d’action se sont diversifiés : la scène, la rue, les hôpitaux, les maisons de repos, les anniversaires, les congrès, les comités d’entreprise. Certains même s’expatrient comme les Clowns Sans Frontières.
Les approches du travail du clown sont également variées pour accompagner chacun à la « recherche de son propre clown ». Il y a donc autant de clowns qu’il y a d’individus.
Plusieurs chemins mènent au clown et chaque clown peut prendre différents chemins.
Le clown d’intervention est une pratique contemporaine initiée dans le sud de la France par le Bataclown [2] qui crée la « clownanalyse » au début des années 80. Cette démarche va amener un grand changement et donner au clown une nouvelle place dans la société.
« La naissance de la clownanalyse marque une différence fondamentale en introduisant le clown dans des milieux adultes peu attirés par l’image du clown (voire allergiques !), non pas pour les distraire mais pour leur tendre un miroir décalé. Ce nouveau terrain devenait pour nous le creuset d’une nouvelle conception de l’art du clown orienté vers l’intervention sociale. [3] »
Par l’axe « intervention », le clown sort du cirque pour donner son point de vue sur la vie et porter un regard différent sur le monde qui l’entoure. Avec son regard pétillant, éveillé et coloré, il agit dans des assemblées et des organisations, et devient un acteur social au même titre qu’un conférencier, un chercheur ou un sociologue.
Le clown d’intervention n’a pas sa langue en poche. Il vient dire des choses et il met en action. Grâce à son imaginaire débordant, il transmet sa vision de ce qu’il entend et observe, de ce qui existe ou est absent, de ce qui est dit ou sous-jacent.
« Plus j’aurai l’air con, et plus ce que je dirai aura l’air malin. [4] »
Cette citation nous permet de distinguer, d’une part, le contenu du message, et d’autre part, la définition de la relation qui s’installe entre le clown et le public. Il est important que le personnage-même du clown, par son attitude non-verbale, soit dans une posture ouverte et chaleureuse. Cela permettra de faire passer en douceur des messages parfois plus confrontant, en prenant un chemin détourné.
Le clown d’intervention agit principalement « en direct » : il improvise ici et maintenant en pratiquant le « oui et … ». La co-construction est au cœur de l’écriture improvisée. Le clown est en interaction avec l’événement, les orateurs, le public, les technologies, l’espace, le temps, … Observateur actif, il écoute ce qui se dit et se vit. Il laisse résonner. Tout peut devenir matière première sur laquelle il rebondit pour en faire autre chose. Le « oui » est l’écoute. Avec le « et », il s’agit d’amener de nouvelles informations. Capter tout ce qui se passe, le transformer, l’extrapoler et ainsi ouvrir le champ des possibles.
La co-construction est un élément essentiel du contrat de jeu. Au cœur de l’intervention se trouve donc la rencontre du clown avec le système. De nombreuses interactions ont lieu entre eux. Les informations viennent du système et y retournent, transformées. A son écoute, le clown lui transmet un autre regard sur lui-même. Son « savoir » se base sur ce que le système apporte, revisité par sa subjectivité, son monde, sa couleur. Le clown n’est pas neutre et donne son point de vue de clown sur le système. Il pose des choix. Il est impliqué par la désignation de ce qu’il met en exergue, par ce qu’il relève.
Tout en aérant, rafraichissant et oxygénant, le clown d’intervention agite, met en lumière, fait résonner, révèle, questionne le débat. Il contribue à élargir la réflexion et à nourrir à nouveau les échanges. Dans un processus de boucle circulaire, son intervention fait retourner les informations dans le système.
Le clown d’intervention est plus qu’un amuseur. Il est intervenant à part entière. Il permet d’actualiser la compréhension du fonctionnement du système en ouvrant les frontières, changeant les règles et modifiant des places. Il agit sur les relations à plusieurs niveaux car il vient « se mettre entre » l’assemblée et les orateurs, le public et le conférencier, les questions et les réponses, les représentations des uns et celles des autres, les certitudes et les incertitudes, le rationnel et l’irrationnel, l’organisation et son environnement, le mode mental automatique et le monde mental adaptatif, …
« Etymologiquement intervenir, c’est venir entre, s’interposer, ce qui peut être assimilé dans le langage commun à de l’ingérence, une intrusion ou encore aux bons offices. (…) L’intervention est donc avant tout une action qui consiste à mettre un tiers entre des éléments antagonistes ou entre ceux-ci et une difficulté. [5] »
La position tierce du clown crée un espace de liberté, d’expression et de confrontation. En venant de l’extérieur, il peut ainsi prendre une position « méta » pour avoir une vue d’ensemble d’un sujet, d’une problématique, d’une réalité, d’un fonctionnement, d’un quotidien, … Cette prise de recul lui permet de comprendre ce qui se joue pour ensuite venir le donner dans le système.
Le clown d’intervention est un métacommunicateur : suite à ces observations, il vient communiquer sur les communications et les relations. Il nomme les évidences, les redondances, renomme ce qu’il a compris ou pas, explore le tout et le rien, dit tout haut ce qui se dit tout bas, …Il réinvente le discours, l’histoire, les explications, les vérités, ... Il remet en jeu les enjeux en jeu…
Le clown d’intervention apporte un recadrage : une modification du cadre, de l’angle d’approche et du contexte. Il invite le système à poser un autre regard sur lui-même, dans un esprit ludique et convivial. Le recadrage est provocateur de changement et entraîne une redéfinition du système.
Le clown invite le public à mettre de la distance par rapport à son fonctionnement et ses questions. Le public est amèné à devenir observateur de ce qui se passe, « spect-acteur » d’une autre représentation de lui-même. Le décalage apporte une prise de distance, une nouvelle vision, un nouveau sens. Elle stimule la réflexion.
« L’intérêt de la systémie n’est pas de « détenir la vérité » mais de produire un décalage par rapport à la pensée antérieure du sujet et lui permettre ainsi de reconsidérer à la fois les situations et sa propre relation à ces situations. [6] »
Avec son monde imaginaire, ludique et métaphorique, le clown surprend en sortant du quotidien, de la routine, des habitudes, de « toujours plus de la même chose ». C’est dans l’inattendu que de nouvelles choses se passent !
« La folie, c’est faire toujours la même chose et s’attendre à un résultat différent. [7] »
Le clown d’intervention « dé-concentre » et ainsi, il dynamise voire réveille le regard du public sur l’événement dont il est partie prenante. Les choses s’impriment autrement, grâce à ce power-point vivant ! Il rend les approches théoriques plus accessibles. Le système s’ouvre alors à d’autres idées, d’autres sens, d’autres directions et de nouvelles perspectives.
« Trois notions-clés sont donc partagées par l’humour et le recadrage : amener le patient à une position d’observation, provoquer chez lui l’étonnement, et réinterpréter les données de départ. (…) La tonalité joyeuse que l’humour donne au recadrage favorise un regard positif sur la réalité. (…) La surprise induite chez les patients peut ainsi les amener plus facilement à envisager d’autres possibles de pensée, de parole et d’action. [8] »
Le clown invite à lâcher la pensée rationnelle, linéaire, logique, automatique pour ouvrir à un état d’esprit créatif, curieux, positif, nuancé, réflexif. Intervenant à part entière, il agit comme une « question ouvrante » d’un coach ou d’un consultant pour susciter des prises de conscience cognitives, émotionnelles et/ou comportementales. Il est donc bien un contenant qui peut malaxer, revisiter tout type de contenu car c’est bien à un autre le regard qu’il invite le public.
Dans des contextes professionnels, les pouvoirs de l’humour du clown se situent tant au niveau individuel, collectif qu’organisationnel
Il joue sur le bien-être en réduisant le stress, améliorant l’humeur et la créativité.
Il enthousiasme les relations collectives en invitant l’assemblée, les équipes à vivre une autre expérience ensemble et donc à se rencontrer autrement,
Il augmente la performance des organisations en développant une culture d’entreprise investissant dans le capital humain. Prendre du temps pour l’humain permet de gagner du temps pour autre chose. Il y a bien « retour sur investissement ».
« Marrez-vous plus pour produire plus. [9] »
L’intervention prend une nouvelle forme : par le ludique, l’humour, le décalé, l’inattendu, le léger, l’imaginaire et la métaphore, le clown amène un renversement dans le mode habituel d’approche des systèmes. Ce Fou du Roi se rapproche de la position du Sage, par son décalage, révélateur de sens.
Cette démarche humaniste et humoristique, du regard de l’humain sur l’humain, est complémentaire à d’autres interventions dans la perspective de l’approche holistique des organisations.
« Le rire est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter. » [10]
Florence Pire est sociologue systémicienne, praticienne de l’Approche Neurocognitive et Comportementale, enseignante en Haute Ecole, formatrice et coach. Elle anime depuis 2002 des workshops visant le développement des compétences relationnelles et de l’intelligence collective par l’improvisation théâtrale (Pour en savoir plus : www.ex-pression.be). |
Bibliographie
AUTISSIER David et ARNEGUY Elodie, Petit traité de l’humour au travail, Groupe Eyrolles, 2012.
BELLENGER Lionel et BARRAIS Delphine, Managez avec humour, ESF Editeur, 2011.
BONAMI Michel, DE HENIN Bernard, BOQUE Jean-Michel, LEGRAND Jean-Jacques, Management des systèmes complexes, De Boeck Editions, 1993
CAHIERS CRITIQUES DE THÉRAPIE FAMILIALE ET DE PRATIQUES DE RÉSEAUX, PANICCHELLI Christophe, L’humour et la surprise en psychothérapie, De Boeck Editions, n° 39, 2007/2.
CEAZARD Delphine., Les « nouveaux » clowns, L’Harmattan, 2014.
LA COMPAGNIE DU BATACLOWN, Voyage(s) sur la diagonale du clown, L’Harmattan, 2012
MUCCHIELLI Alex, Approche systémique et communicationnelle des organisations, Armand Collin, 1998
TRICART Christophe, L’humour au service de la performance, Editions Jouvence, 2015.
YATCHINOVSKY Arlette, L’approche systémique. Pour gérer l’incertitude et la complexité, ESF Editeur, 2004
NOTES
[1] CEAZARD D., Les « nouveaux » clowns, L’Harmattan, 2014.
[3] LA COMPAGNIE DU BATACLOWN, Voyage(s) sur la diagonale du clown, L’Harmattan, 2012, p.163-164.
[4] Citation de Philippe GELUCK
[5] BONAMI M., DE HENIN B., BOQUE J-M., LEGRAND J-J., Management des systèmes complexes, De Boeck Editions, 1993, p.98
[6] YATCHINOVSKY A., L’approche systémique. Pour gérer l’incertitude et la complexité, ESF Editeur, 2004, p.103
[7] Citation d’Albert EINSTEIN
[8] CAHIERS CRITIQUES DE THÉRAPIE FAMILIALE ET DE PRATIQUES DE RÉSEAUX, PANICCHELLI C., L’humour et la surprise en psychothérapie, De Boeck Editions, n° 39, 2007/2, p.407-410
[9] AUTISSIER D. et ARNEGUY E., Petit traité de l’humour au travail, Groupe Eyrolles, 2012, p.13
[10] Citation de Raymond DEVOS
La relation d’aide, une expérience ?
Par Paul-Henri Pion, psychopraticien.
“Le fait de refaire l’expérience de l’ancien conflit laissé en suspens, mais avec un dénouement nouveau, c’est là le secret de tout résultat thérapeutique solide. Seule l’expérience réelle d’une nouvelle solution dans la situation transférentielle ou dans la vie de tous les jours, donne au patient la conviction qu’une solution nouvelle est possible et l’induit à renoncer à ses anciens schèmes névrotiques” . Franz Alexander & Thomas Morton French, in The International Journal of Psychoanalysis, 1946.
Depuis, des éléments ont complété leur affirmation, comme si tout provenait d’une expérience non aboutie que la vie n’avait pas permis de vivre et restructurer... à l’aide d’une nouvelle expérience.
La souffrance présente résulte souvent d’une souffrance passée mémorisée. Le système nerveux profiterait d’une scène, d’une odeur, d’une chanson par exemple, pour rappeler des images du passé proches de la situation cartographiée par les sens, ce qui réactiverait les émotions associées. Ce sont les émotions qui ne seraient pas allées à leur terme car contenues, comme par exemple dans le cas de l’enfant que l’on empêche de rire, de pleurer ou de s’exprimer trop fort, et ainsi contrariées qui refont surface. Des comportements inadaptés au contexte actuel, puisque provenant d’histoires passées, en résultent. Tout se déroule comme si un processus avait été interrompu et qu’il tentait de poursuivre son cours à la première occasion. Les émotions qui ont eu la possibilité de suivre leur cycle métabolique intégralement laissent pour leur part une grande liberté d’adaptation : elles n’envahissent pas le futur.
Permettre à aux émotions en suspens d’aller à leur terme ouvre au patient la possibilité de passer à autre chose, et donc d’évoluer. Pour ce faire, il lui est possible de se remémorer dans un contexte calme et rassurant, voire accompagné, à un moment choisi et en faisant appel à ses cinq sens, factuellement et sans jugement ni interprétation, les images qui reviennent et les accueillir. Les émotions qui s’y étaient associées iront alors à leur terme au fil des rappels, silencieusement et calmement.
Le système nerveux ne fait pas la distinction entre un rappel et un événement traversé. De ce fait, cette méthode de remémorisation focalisée sur ce que les cinq sens permettent de reconstruire revient à associer l’émotion du présent au contexte sensoriel remémoré. Le passé ne s’invite alors plus dans le présent.
Il s’ensuit que, que ce soit par le dessin, la danse, la libre association, le jeu de rôle ou un quelconque protocole jouant sur des modalités sensorielles, alors, du moment que le praticien accompagne le patient vers ce que ses cinq sens ont mémorisé, un résultat émerge. Les accompagnements axés sur la régression y puisent leur efficacité. L’important est de créer un cadre au rappel mémoire de la scène ou de l’évènement, rien que cela.
Quand le rappel mémoire s’avère accompagné d’une remontée émotionnelle forte ou qu’après s’être remémoré les scènes celles-ci envahissent les pensées pour le reste de la journée, alors il est nécessaire de recourir à l’écriture ou à une forme détournée comme la sculpture, la peinture ou la musique ou tout autre possibilité selon les ressources du patient. L’objectif reste le même : que le patient re-synthétise en mémoire la configuration sensorielle qui a généré l’émotion parasite. Faire décrire précisément par écrit fonctionne très bien. Souvent, le mieux-être nécessite de répéter plusieurs jours ou plusieurs semaines d’affilée ce rappel : chaque rappel nettoie un peu, et petit à petit le patient retrouve sa liberté de mouvement.
Ce qui est vrai pour les traces du passé qui parasitent le présent est vrai pour le futur qui paralyse le présent. Imaginer concrètement et factuellement les conséquences peu appétissantes de ses peurs conduit à s’en affranchir.
Ces freins venus du passé ou du futur une fois libérés, il y a lieu de se remettre en mouvement, si ce n’est déjà fait, en s’attachant à faire une petite chose nouvelle, aussi banale soit-elle, chaque jour. Un compliment sincère adressé quotidiennement à un être vivant peut y être ajouté : tout en remettant en mouvement, il favorise la renaissance de l’amour de son prochain.
Procéder ainsi revient à créer les conditions d’une expérience nouvelle pour le patient comme le faisaient remarquer F. Alexander et T.M. French en 1946. Notre quotidien aussi recèle les conditions de nouvelles expériences pour celui qui sait en tirer profit. Se faire accompagner n’est donc pas nécessaire pour celui qui sait se créer des expériences nouvelles. Ni pour celui qui a exercé sa capacité à rencontrer ce que ses cinq sens peuvent créer comme représentations mentales au travers de ses pensées et souvenirs.
Cependant, il est des configurations émotionnelles qui, dans notre contexte culturel, nécessitent de se faire accompagner. Alors, l’expérience surgit de la rencontre avec le thérapeute. C’est ce qui est à espérer, qu’elle surprenne en séance ou entre les séances voire même beaucoup plus tard, comme un bourgeon qui a pris le temps de germer.
Paul-Henri Pion
Source : http://www.mieux-etre.org/La-relation-d-aide-une-experience.html
Économiste de formation, formé à la lecture et à l’anticipation des évolutions de la conjoncture, Paul-Henri Pion a passé 16 années dans des postes à responsabilité en entreprise. Depuis 2000, il se consacre à la lecture et à l’anticipation des interactions humaines. Il exerce aujourd’hui les thérapies brèves et le coaching stratégique. Sa pratique s’inscrit dans la lignée des travaux du Mental Research Institute de Palo Alto (Californie) et de son Centre de thérapie brève.